Accueil Santé Pourquoi les bactéries sont plus résistantes aux antibiotiques ?

Pourquoi les bactéries sont plus résistantes aux antibiotiques ?

Mais que sont donc les bactéries ?

Les bactéries sont responsables d’un très grand nombre de maladies infectieuses qu’on est parvenu à combattre grâce à la découverte des premiers antibiotiques, au début des années 1940. Cela a permis de sauver un très grand nombre de vies humaines. Les médecins croyaient alors que les infections bactériennes seraient un jour toutes jugulées. Tel n’est pas le cas aujourd’hui : on assiste en effet à la résurgence de maladies que l’on croyait éradiquées et à l’apparition de nouvelles infections. Mais que sont donc les bactéries?

Qu’est-ce qu’une bactérie ?

Les bactéries appartiennent au vaste ensemble des microbes, comprenant également les virus, les champignons et les parasites. Ce sont des micro-organismes, invisibles à l’œil nu, constituées d’une cellule unique dépourvue d’un vrai noyau. Elles contiennent en général un seul chromosome qui se présente sous la forme d’un long filament d’ADN pelotonné sur lui-même. On peut trouver également dans la cellule de petits fragments d’ADN circulaires ou plasmides.

Quels sont les effets d’une contamination bactérienne chez l’homme ?

L’immense majorité des bactéries ne sont pas responsables de maladies. Celles qui sont à l’origine de maladies infectieuses pour l’homme sont appelées bactéries pathogènes. C’est par exemple le cas du méningocoque, responsable de méningite. D’autres vivent en permanence au sein de l’organisme, notamment dans le tube digestif ou sur la peau, sans provoquer de maladie ; ce sont les bactéries dites saprophytes. Par exemple, 25 à 30 % des enfants âgés entre 3 et 6 ans ont dans leur gorge des pneumocoques tout en étant en parfaite santé.

Qu’est-ce qu’une maladie infectieuse ?

Une maladie est dite infectieuse lorsque son origine est liée à une contamination par un germe, quelle que soit sa nature, parasite, virus, champignon ou bactéries. Toutes les maladies infectieuses ne sont donc pas dûes à une bactérie. Par exemple, une contamination par le virus de l’herpès (virus) peut provoquer une infection herpétique, une contamination par plasmodium (parasite) peut être à l’origine du paludisme, une contamination par du candida (champignon) entraîne une candidose et une contamination par escherichia coli (bactérie) peut entraîner une infection urinaire.

Quelle est la fréquence des maladies infectieuses ?

En 1995, les maladies infectieuses ont été responsables du décès de 17 millions de personnes dans le monde (un tiers des causes de décès). Dans les pays développés, les antibiotiques et les vaccins ont permis de juguler ce qui, jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale, constituait un véritable fléau.

Les bactéries font de la résistance

La surconsommation d’antibiotiques est à l’origine d’une montée des résistances. Les bactéries ont en effet progressivement développé une capacité à résister à ces médicaments. Cela constitue actuellement un problème majeur dans le traitement des maladies infectieuses. En 1984, par exemple, seulement 0,5 % des pneumocoques résistaient au principal antibiotique actif contre eux : la pénicilline. Aujourd’hui 50 à 70 % des souches de cette bactérie, sont, soit résistantes, soit beaucoup moins sensibles à l’action de la pénicilline. La recherche de nouvelles molécules, mais avant tout la bonne utilisation des antibiotiques actuellement disponibles, constituent donc un enjeu crucial pour la société.

Que signifie « la résistance aux antibiotiques » ?

Pour se protéger de l’action des antibiotiques, les bactéries ont progressivement développé des mécanismes de résistance, qui rendent parfois ces médicaments inefficaces. Ce phénomène a mis fin aux illusions du corps médical qui croyait pouvoir juguler l’ensemble des maladies infectieuses. Il constitue une véritable menace en raison de son ampleur.

Comment une bactérie devient-elle résistante ?

Avec le temps, les bactéries apprennent à se défendre contre les antibiotiques. Il existe deux types de résistance : la résistance naturelle (ou intrinsèque) et la résistance acquise. La première est présente depuis toujours dans toutes les souches de l’espèce considérée et pré-existe à l’usage des antibiotiques. Elle constitue une caractéristique propre à l’espèce bactérienne et délimite le spectre d’activité des antibiotiques : en effet, aucun antibiotique n’est naturellement actif contre toutes les bactéries. En revanche, les résistances acquises ne sont présentes que chez quelques souches d’une espèce normalement et initialement sensible à l’antibiotique. Leur dissémination est secondaire à l’utilisation de ces médicaments.

Par quels mécanismes les bactéries résistent-elles aux antibiotiques ?

Les mécanismes de résistance visent à empêcher l’action de l’antibiotique sur sa cible, il en existe plusieurs. Dans certains cas par exemple, la bactérie renforce sa paroi. De ce fait, l’antibiotique a du mal à pénétrer à l’intérieur du germe. A l’extrême, cette paroi devient totalement imperméable au médicament.

Quelles sont les répercussions de la montée des résistances ?

Les antibiotiques sont de moins en moins efficaces, comme le prouve le nombre croissant d’échecs des traitements. Des germes autrefois sensibles ne réagissent plus à des médicaments auparavant actifs. C’est le cas des microbes responsables de méningites, de maladies sexuellement transmissibles ou d’infections respiratoires. Il en va de même de certaines souches du bacille de Koch, responsable de la tuberculose.

Certaines infections acquises pendant une hospitalisation (pour une autre raison) sont dites « infections nosocomiales ». Elles représentent aujourd’hui un problème de santé publique préoccupant puisqu’elles concernent plus de 7 patients hospitalisés sur 100 et que dans certains cas, ces infections sont graves, voire mortelles. Le phénomène est d’autant plus inquiétant qu’il est sorti des murs de l’hôpital et s’est répandu en ville. Par exemple, la moitié des souches de pneumocoques responsables d’infections pulmonaires et d’otites moyennes est devenue résistante à la pénicilline G. Dès lors, les médecins de ville sont parfois démunis face à cette bactérie très dangereuse dont la résistance se dissémine au niveau mondial.

Quelles sont les conséquences dans les pays en voie de développement ?

Dans les pays en voie de développement, la situation est encore plus grave : les mauvaises conditions d’hygiène favorisent les épidémies, les antibiotiques sont délivrés dans des centres en dehors de tout acte médical, sans ordonnance et l’automédication est de pratique courante.

L’exemple du bacille de la peste est éloquent : jusqu’à présent, il était sensible à tous les antibiotiques, cela n’est plus le cas aujourd’hui. Des chercheurs ont isolé à Madagascar une souche qui résiste à tous les antibiotiques recommandés par l’Organisation Mondiale de la Santé. Autre exemple : le méningocoque, responsable de forme de méningites mortelles. Il est devenu résistant au chloramphénicol, antibiotique jusqu’à présent efficace en une seule injection. Et ces pays n’ont pas les ressources suffisantes pour recourir aux antibiotiques plus récents, plus coûteux mais plus efficaces.

Que répondent les chercheurs à cette augmentation des résistances ?

Il existe, malheureusement, une course de vitesse entre les micro-organismes et les chercheurs car les bactéries ont un grand pouvoir d’adaptation. Sous la pression de sélections exercées par les antibiotiques censés les anéantir, celles-ci ne cessent d’imaginer de nouvelles parades pour se dérober à leur action. Les chercheurs réagissent en inventant de nouvelles armes antibiotiques auxquelles les bactéries s’adaptent à nouveau en développant une nouvelle résistance et ainsi de suite : un véritable cercle vicieux.

Jusqu’à présent, l’homme avait quelques longueurs d’avance sur les microbes mais aujourd’hui, cette avance se réduit, cela rend la situation plus critique.

La mise au point d’un nouvel antibiotique est longue, complexe et onéreuse. Actuellement, l’essentiel est de détecter précocement les nouveaux mécanismes de résistance, de bien les comprendre grâce aux techniques de la biologie moléculaire. Les grands programmes de recherche sur le génome par exemple stimulent considérablement les travaux pour la mise au point de nouveaux antibiotiques. Les informations issues de ces travaux sont des sources fondamentales pour imaginer des antibiotiques, voire des vaccins ayant de nouvelles cibles et donc de nouveaux modes d’action.