Un illusionniste avait été engagé sur un superbe navire pour participer à l’animation de croisières de luxe en Méditerranée. Les participants changeaient chaque semaine et l’illusionniste reprenait donc les mêmes tours de magie de façon hebdomadaire. Seul le perroquet du capitaine, qui avait vu les mêmes numéros pendant plusieurs mois, commençait à montrer des signes de lassitude.
Un soir, le volatile se mit en tête de gâcher le numéro et attendit le moment le plus propice. Il vint se poser près de la scène et, au beau milieu d’un tour de magie, cria à l’assistance : – Regardez, ce n’est pas le même chapeau. Celui dans lequel est enfermé le lapin est sous la table.
L’illusionniste, énervé, poursuivit tout de même avec son grand tour de cartes. Le perroquet hurla cette fois : – Pourquoi n’y a-t-il que des as de pique dans ton jeu ?
Peu après, l’oiseau cria : – Tu parles d’un tour… Tout le monde sait que tu utilises un effet de miroir pour faire apparaître et disparaître ces fleurs.
Le public, d’abord amusé par ces révélations, se mit au bout d’un moment à huer le pauvre artiste qui finit par quitter la scène.
L’illusionniste était furieux mais comme c’était le perroquet du capitaine, il n’y avait pas grand chose à faire.
Le lendemain, après une série d’avaries, le bateau coula. L’illusionniste avait pu survivre en s’accrochant sur quelques planches de bois qui flottaient à la surface de la mer. Le perroquet avait également trouvé refuge sur ce radeau improvisé.
Mais comme ces deux-là étaient fâchés, ils n’échangèrent pas un mot pendant trois jours. Au matin du quatrième, le perroquet affamé finit par dire : – OK, j’abandonne, tu as gagné… Où est passé le bateau ?