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Comment nourrir son chien et son chat : Un chien n’est pas un homme, un chat n’est pas un petit chien !

Introduction

LE PROFESSEUR DOMINIQUE GRANDJEAN, responsable de l’Unité de Médecine de l’Élevage et du Sport (UMES) et enseignant chercheur en Nutrition Animale à l’École Nationale Vétérinaire d’Alfort, a compilé dans le “Guide des Nutriments” les connaissances existant à ce jour, dans un domaine qui évolue en continu : la nutrition canine et féline. En effet, quoi de plus vivant, et surtout de plus évolutif dans la précision de la connaissance, que la nutrition ? Chacun sait que les nutriments (éléments “utiles” pour le corps, contenus dans les aliments) n’agissent pas seulement pour calmer la faim ! Ils sont les briques qui construisent (ou détruisent…) les organes, les tissus, le squelette, etc. et qui participent au bon fonctionnement de l’organisme (ou qui le dégradent…).

Mieux connaître la Nutrition – Santé

La science qu’est la nutrition vétérinaire vise à découvrir les nutriments essentiels et leurs rôles, dans les doses bénéfiques, dont profite l’animal. Dans ce domaine, l’Homme en apprend tous les jours.

Nouveaux aliments, nouvelles formules

C’est ainsi que chaque année apporte son lot de nouveaux aliments, nouvelles formules nutritionnelles, qui au-delà des nutriments essentiels à l’entretien d’une vie saine, incorporent des éléments naturels pour prévenir certains risques de maladies et protéger l’organisme.

Estimation : 3 ans de vie gagnés

En 30 ans, les aliments préparés par les grands fabricants d’aliments pour animaux de compagnie ont donc fait évoluer positivement les conditions de vie de nos chiens et de nos chats On estime ainsi que les chiens ont gagné environ 3 ans d’espérance de vie supplémentaires
en 15 ans.

Les bienfaits de la Nature

Car de la simple “survivance”, apportant le minimum nécessaire à maintenir l’animal en vie, nous sommes passés à “l’alimentation”, permettant d’avoir un animal plus beau et bien actif. La “nutrition” est ensuite apparue. Elle est née de la connaissance de plus en plus approfondie du fonctionnement de l’organisme et de l’étude des bienfaits pour la santé apportés par la Nature (extraits de végétaux, certains minéraux, différentes qualités de protéines…).

Les progrès de la recherche

Aujourd’hui, il est possible de formuler des aliments en fonction de besoins bien identifiés, de carences bien répertoriées contre lesquelles il faut lutter, de spécificités découvertes au fur et à mesure du progrès des recherches.

Une nutrition pour tous les âges et toutes les morphologies

Les scientifiques et les grandes marques d’aliments préparés reconnaissent maintenant que les chiens ne doivent pas être nourris de la
même manière selon qu’ils sont chiots, adultes ou matures, et selon qu’ils sont petits, moyens, grands ou géants. Pour les chats, on sait aujourd’hui faire la différence de besoins nutritionnels selon l’âge, mais également selon le mode de vie, les sensibilités et même la race (pour les Persans).

L’alimentation évolue

Cette connaissance croît chaque jour et permet de faire évoluer l’alimentation qui devient nutrition prévention, et, quand cela est nécessaire, nutrition santé, ou nutrition traitement en participant au soin de certaines maladies. Loin est le temps cruel des chiens nourris aux restes de table et celui des chats buvant du lait (de vache, ce qui n’est absolument pas en concordance avec leurs besoins !).

Les erreurs des hommes

Mais un autre danger guette nos animaux. Il s’agit de la méconnaissance de l’Homme, associée à son envie naturelle de “bien faire”. La proximité (apparente) entre nos compagnons à 4 pattes et l’Homme, incite à croire que nous savons déjà comment ils “fonctionnent”. Mais réagir de manière anthropomorphique est méconnaître son animal, et oublier qu’il est un carnivore. C’est projeter sur lui nos envies, notre mode de vie, sans se soucier de ses différences. Car l’Homme est un omnivore, doué de goût, aimant la variété, accordant de l’importance à son assiette. Il est alors si normal de penser faire bien en donnant à son chat ou à son chien une alimentation proche de la nôtre.
Erreur grave, près de 10 000 ans de domestication n’ont pas suffi pour transformer ces carnivores en omnivores !

Tout l’organisme de ces carnivores est dimensionné bien différemment du nôtre.

Des mâchoires faites pour cisailler et non pour mâcher, pas de prédigestion par la salive, mais un estomac disproportionné pour digérer des
“proies” avalées rapidement, des intestins très courts (d’autant plus courts que le format de l’animal augmente), mal adaptés à la digestion
de la plupart des céréales… Voilà ce qui caractérise un chien ou un chat.

Ils peuvent souffrir d’obésité

Animaux très actifs à l’origine, ils tirent leur énergie des graisses et ne connaissent pas les problèmes dits de “cholestérol”, mais peuvent souffrir d’obésité (et de ses conséquences graves : cardiaques, diabétiques, articulaires…), si on ne sait pas respecter une alimentation et
un rationnement adaptés.

Un chat peut prendre jusqu’à 20 repas par jour

Pour le chien, l’alimentation est un régulateur de comportement : un même aliment, servi dans la même gamelle, au même endroit, à la même heure est un gage d’équilibre psychologique. Le chat, animal chasseur individuel, doit au contraire avoir accès en libre-service à sa
nourriture, faisant ainsi une vingtaine de très petits repas dans la journée (et la nuit).

Un chien n’est pas un homme

On comprend mieux qu’il soit impossible de bien nourrir son animal si on lui prépare une alimentation proche de celle de l’Homme, qui ne sera pas assez cuite pour lui, trop riche en glucides, mal adaptée à sa condition ou à sa morphologie. Il en va de même pour tous ces petits plaisirs que nous lui offrons à l’image de ceux que nous nous permettons.

Chocolat, sucre, fromage…

Un morceau de chocolat (à haute dose c’est un poison pour le chien !), un morceau de sucre, un bout de gruyère (30 grammes de gruyère
correspondent au tiers des besoins alimentaires en énergie d’un petit chien !),un bout de pain, etc., tous ces petits “plus” déséquilibrent la ration parfaitement équilibrée lorsqu’elle est calculée par un spécialiste de la nutrition. Déséquilibres qui peuvent entraîner des
désordres intestinaux, et dégrader petit à petit la santé de l’animal.

Les gâter, oui mais…

Gâter son chien ou son chat est donc bien un mot à double sens… Dès lors, ce livre a-t-il simplement pour objectif de vous frustrer, en vous empêchant de donner des preuves de votre affection à votre compagnon ?

…en respectant leur différence

Non bien sûr, tout au contraire ! Mais l’affection portée à un animal ne doit pas conduire à des comportements alimentaire contre nature.
Ce guide souhaite vous éclairer sur ce que sont les nutriments et leurs rôles pour le chien ou le chat, et sur les vraies sources de bien-être et de santé pour lui.

Le maître doit faire attention

Et cet éclairage se révèle de plus en plus nécessaire. Nécessaire, car la science de la nutrition, si on veut la comprendre, demande un peu d’attention (mais la santé ne vaut elle pas ce petit investissement de temps ?).

Savoir lire les emballages

Nécessaire, car ce n’est pas en lisant les emballages qu’on a une vision claire de la nutrition. Codifiés par des réglementations administratives, marqués parfois par l’exploitation des projections de sentiments et comportements humains, les boîtes et les sacs sont quelquefois difficiles à décoder.

Quelques “astuces”

C’est pourquoi quelques “astuces” permettent de mieux choisir l’alimentation adaptée aux vrais besoins de chaque animal, astuces fournies ci-après en réponse aux questions que se posent légitimement nombre de propriétaires d’animaux de compagnie.

Nous avons des responsabilités vis-à-vis de nos compagnons à quatre pattes.

Quand on accueille un chien ou un chat chez soi, on prend en même temps la responsabilité de son confort de vie et de sa santé. Cette responsabilité nécessite qu’on apprenne à les connaître… vraiment.

Les différences physiologiques digestives entre l’homme, le chien, et le chat

Des différences physiologiques et de régime alimentaire fondamentale font que chacun a des besoins nutritionnels spécifiques. Mais encore, on ne nourrit pas de la même manière un petit chien, un chien géant, un chat Persan ou un Siamois. Gare donc à nos réflexes anthropomorphiques préjudiciables à la bonne santé de nos animaux ! Le tableau ci-dessous explique toutes ces différences.

Les quatre objectifs de la Nutrition – Santé

Poussé par la recherche vétérinaire et scientifique, le concept traditionnel de la nutrition, à savoir construire, entretenir l’organisme et lui fournir de l’énergie, pour intégrer des dimensions préventives et, sous certaines conditions, curatives. C’est la naissance de la nutrition-santé. La nutrition répond donc à quatre objectifs :

1 – Construire et entretenir l’organisme :
Acides aminés, minéraux, oligoéléments, vitamines, protéines et certains lipides répondent aux besoins nutritionnels minimum pour construire et entretenir l’organisme.

2 – Fournir de l’énergie :
Les lipides et glucides fournissent à l’animal l’énergie nécessaire.

3 – Nourrir et prévenir :
Certains nutriments sont intégrés dans la ration (antioxydants, prébiotiques, fibres, acides gras essentiels…),en prévention de risques tels que les affections rénales, les troubles digestifs, ou les effets du vieillissement…

4 – Nourrir et soigner :
Afin de favoriser la guérison des certaines maladies, des nutriments très spécifiques vont être inclus, ou retranchés, dans l’aliment pour intervenir dans les processus thérapeutiques et de convalescence.

L’approche nutritionnelle, c’est la réalisation concrète dans un seul et même aliment d’un puzzle complexe intégrant en leurs justes proportions une cinquantaine de nutriments nécessaires à l’accomplissement de ces quatre objectifs nutritionnels et aux vrais besoins précis et spécifiques de chaque organisme.

L’approche “Ingrédients” n’est quant à elle qu’une simple liste d’éléments visibles (on parle de matières premières alimentaires) qui vont entrer dans la composition d’une préparation alimentaire sans intégrer la notion d’équilibre entre nutriments. Elle se révèle donc moins précise et moins respectueuse du besoin de l’animal.

Responsable de la domestication du chien et du chat, l’homme a le devoir de les nourrir en accord avec leurs vrais besoins spécifiques et non en fonction de ses projections humaines. C’est la première règle du vrai respect de l’animal.